Surhistoire et mémoires - thème 3 — La mémoire des conflits est-elle historique ou politique ? Proposition de corrigé — Les spécificités de la mémoire des conflits. — Le rôle de la justice dans le travail d'histoire et de mémoire. — L'histoire du génocide des Juifs et des Tsiganes dans la mémoire collective. Patrimonialisation et tourisme culturel : proposition de TD sur le processus de patrimonialisation et la relation au tourisme culturel effectuée en Tourisme et Territoire (BTS Tourisme), mais qui HGGSP- La guerre d'Algérie jalon . Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie Axe 1: Histoire et mémoires des conflits. Jalon Un exercice . Mme Chadefaud, lycée Leborgne - Sainte Anne . Vous êtes ici : Accueil. Ressources pédagogiques. Ressources pédagogiques . Au lycée. HGGSP - La guerre d'Algérie Dernières publications. Pratiquer le document dissertationhggsp terminale thème 2. Home. 2022. June. 1. dissertation hggsp terminale thème 2. 1 Jun 2022 Histoireet mémoires des conflits. HGGSP - Terminale. Fiche de révision du brevet et bac en rap. Ecoute la musique sur notre application. Paroles. COUPLET 1 Les historiens recherchent les causes de la première guerre mondiale Ils étudient le conflit pour faire la lumière sur l’histoire Après l’étude scientifique des archives sur le sujet Les spécialistes (pour la plupart) concluent Histoireet mémoires des conflits. Un conflit mondial avec une forme de consensus mémoriel apparent (le Centenaire) et un conflit post colonial avec une question socialement vive et des mémoire concurrentes. Jalons (3h et 5h) - Un débat historique et ses implications politiques : les causes de la Première Guerre mondiale. 2014-2019 Le Centenaire = intense en 2tnKr. Les Décodeurs Les rapports de force entre les pays jouent un rôle majeur dans la muséographie et le travail de mémoire, explique Jean-Charles Szurek, directeur de recherche au CNRS. La commémoration des 70 ans de la libération du principal camp de la mort nazi, qui a lieu mardi 27 janvier, est troublée par les tensions actuelles entre Polonais et Russes à propos de l'Ukraine. Jean-Charles Szurek, directeur de recherche au CNRS, explique en quoi les rapports de force entre les pays jouent un rôle majeur dans la muséographie et le travail de mémoire. Comment expliquer l'absence de Vladimir Poutine à la commémoration ? Les Etats sont informés de la commémoration et peuvent venir s'ils le souhaitent. Mais, contrairement à la commémoration du 60e anniversaire, il n'y a pas de discours des chefs d'Etat ou de leurs représentants. Les seuls discours sont ceux de trois déportés, un Polonais et deux Juifs, ainsi que celui du président polonais, Bronislaw Komorowski. Le Conseil international du musée, composé d'anciens déportés et de personnalités qualifiées, a voulu mettre tous les Etats à égalité. Fallait-il adresser une invitation spéciale à la Russie au nom du fait que l'Armée rouge avait libéré le camp d'Auschwitz au prix de la vie de ses soldats ? C'est ce que semble signifier la réaction de Vladimir Poutine, encore que la Russie soit représentée par un ancien vice-premier ministre, Sergueï Ivanov. Les déclarations récentes du ministre des affaires étrangères polonais, affirmant qu'Auschwitz avait été libéré par des Ukrainiens car des Ukrainiens se trouvaient dans le corps d'armée des troupes soviétiques qui avaient pénétré dans le camp le 27 février 1945, ont été pour le moins malencontreuses. Les autorités russes ont eu beau jeu ensuite de rappeler que de nombreuses nations composaient l'Armée rouge. Voir aussi 300 anciens détenus reviennent à Auschwitz Lire le reportage A Auschwitz-Birkenau, procession vers le monument aux victimes Comment a évolué le musée d'Auschwitz en sept décennies ? Le musée d'Auschwitz est créé en 1947 comme musée du martyre de la nation polonaise et des autres nations ». Dans cet intitulé sont déjà présents les conflits de mémoire des années 1980, entre une lecture polonaise et une lecture juive du camp. Il faut rappeler que le camp d'Auschwitz est à la fois le plus grand cimetière juif, avec un million de morts, et aussi le plus grand cimetière polonais, avec 75 000 morts. Après la guerre, une puissante organisation de déportés polonais du camp, dominée par des communistes dans le contexte de la soviétisation du pays, amène l'Etat à en préserver le site afin de faire œuvre de mémoire. Le caractère exceptionnel d'Auschwitz comme camp d'extermination des juifs est occulté au profit d'une mémoire polonaise et antifasciste. Les organisations juives de l'époque, du moins ce qu'il en restait, furent consultées par la direction du musée, qui jugea finalement que celui-ci ne pouvait donner l'impression qu'Auschwitz est exclusivement une souffrance juive ». Le destin spécifique des juifs fut dès lors minoré pratiquement jusqu'à la fin du régime communiste, d'autant que les juifs étaient perçus uniquement – et commodément – comme des citoyens de leurs nations respectives. Dans les dernières années du régime communiste, le site du musée fut aussi investi par l'Eglise catholique, ce qui provoqua le fameux conflit de mémoire autour du carmel. Lire le reportage Enseigner la Shoah, c’est parfois moins facile qu’avant » Et aujourd'hui ? Depuis l'avènement de la démocratie en Pologne, le dispositif muséologique a changé, tout comme, par exemple, les manuels scolaires. Le destin précis des juifs européens acheminés et assassinés à Auschwitz-Birkenau n'est plus gommé. On perçoit maintenant clairement que les valises, lunettes, prothèses, et autres objets ayant appartenu aux déportés, exposés depuis la création du musée, appartenaient aux juifs de Hollande, de France ou d'ailleurs. La mémoire polonaise est toujours présente, notamment par la cellule du père Kolbe, ce prêtre qui échangea sa vie contre un père de famille polonais. Les nouveaux défis qu'affronte la direction actuelle du musée ont pour nom l'afflux croissant de visiteurs, leur comportement, la conservation des objets, la mise en place – déjà amorcée – de nouvelles expositions, la superposition d'un langage muséologique contemporain sur des strates cumulées de signes et de symboles. Lire sur Big Browser Auschwitz-Birkenau, une visite virtuelle Mathilde Damgé 1 Les termes du sujet Qu’est-ce que la mémoire ? C’est la faculté pour un individu, un groupe de conserver et de se remémorer des connaissances, des évènements, des faits. Ces derniers sont triés, sélectionnés, la mémoire est donc un rapport subjectif au passé. La mémoire est individuelle ou collective groupe, Etat. Elle permet d’unir les membres d’une collectivité, l’Etat peut donc avoir une politique mémorielle, donner un point de vue officiel sur un évènement ou un fait, le commémorer le rappeler officiellement et instaurer un devoir de mémoire, c’est-à-dire une obligation morale de s’en souvenir. Des lois mémorielles vont exprimer ce point de vue et permettre de lutter contre ceux qui le nie négationnistes. Des mémoires de groupes différents peuvent se heurter, on parle de conflits mémoriels. L’histoire est une connaissance et une écriture du passé qui se veut la plus objective possible, qui prétend fournir une compréhension ou une interprétation du passé. Elle travaille à partir d’un questionnement et de sources. Elle peut donc utiliser les mémoires comme sources, mais aura forcément un regard critique sur celles-ci. L’historien peut donc entrer en opposition avec les mémoires portées par des groupes, voire par l’Etat. Quels rapports la mémoire et l’histoire entretiennent-elles ? Comment ces deux modalités de rapport au passé sont-elles utilisées par les pouvoirs politiques ? 2 histoire et mémoire du Second Conflit Mondial en Russie ses usages politiques par Vladimir Poutine - Vidéo Reportage Arte la Russie, la mémoire contrariée, 2021. 1 Quelles mémoires et récits historiques se heurtent dans la célébration de la fin de la grande guerre patriotique » 9 mai 1945 ? Se heurtent les mémoires et récits des Européens face à ceux des Russes. L’opposition porte sur l’action du gouvernement soviétique pendant le second conflit mondial, notamment lors son déclenchement et sur la part qui incombe à l’Armée rouge dans la victoire finale. Les Européens, pour répondre aux souhaits des Etats de l’Est Pologne, Etats baltes mettent en cause Staline et le régime soviétique pour la première partie du conflit 1939-41 alliance avec régime nazi, invasion de la Pologne… et minimisent l’action de l’Armée rouge dans la libération finale. 2 Quelle politique mémorielle l’Etat russe met-il en œuvre ? L’Etat russe réhabilite l’action de Staline, minimise son alliance avec l’Allemagne nazie, minimise les purges et exactions commises par le régime et glorifie l’action de l’armée rouge, le sacrifice de millions de Soviétiques pour apporter la victoire finale pertes militaires totales de 8-10M de morts ou disparus. 3 Quels usages politiques V. Poutine fait-il de cette opposition des mémoires et des récits historiques ? Poutine veut faire de La Russie une grande puissance, un statut perdu en 1991 avec la chute de l’URSS. Au reste du monde, il rappelle le rôle joué par l’URSS pendant la 2ème guerre mondiale pour apporter la paix et créer un nouvel ordre mondial stable. Pour se maintenir au pouvoir, il exalte le patriotisme russe en rappelant les sacrifices passés et unit les Russes avec un discours qui présente les Occidentaux comme une menace pour la Russie. 4 Quelle est la crainte des historiens russes ? Pour les historiens russes, la crainte est que le récit officiel sur le régime stalinien et la 2ème Guerre mondiale ne corresponde plus aux recherches menées. Les historiens peuvent être empêchés de poursuivre leur travail et les associations qui enquêtent sur les crimes staliniens peuvent être dissoutes. A la fin de l’année 2021, l’ONG défendant les droits de l’homme Memorial », qui travaille sur les exactions du régime soviétique, est considérée comme agent de l’étranger » et interdite. Au même moment l’historien du goulag Iouri Dimitriev est condamné pour violences sexuelles. Ses défenseurs y voient une mesure de représailles ». 3 HISTOIRE ET JUSTICE. - Le contexte historique de la création des notions juridiques pour qualifier et juger les crimes de masse. A partir du dossier pages 154-155 et de la carte pages 150-151, complétez le schéma ci-dessous. - La place des historiens dans les grands procès pour crime de masse Quelle place pour les historiens dans les tribunaux chargés de juger les accusés de crime de guerre ou de crime contre l’humanité ? Cette place est reconnue. Les historiens peuvent apporter leur expertise, leur connaissance des évènements. Ils sont considérés comme étant proches de la vérité », leur parole n’est pas un simple témoignage », comme celui du témoin ou de la victime. Pourtant, l’intervention de l’historien peut ne pas être utilisée à bon escient. Lui veut faire émerger une vérité claire sur les évènements et éventuellement lui attribuer une fonction pédagogique » pour le grand public. La victime veut une réparation et la condamnation des coupables, le juge veut pouvoir trancher entre culpabilité ou innocence en respectant des règles juridiques. Or l’historien peut s’enliser dans les oppositions multiples quand ses recherches ne permettent pas de répondre aux questions de la justice car il ignore la vérité » ou que les débats judiciaires ignorent des pans entiers de la réalité historique. Le jugement des crimes de masse Axe 1 histoire et mémoires des conflits Comment les conflits et leurs récits historiques s’inscrivent-ile dans les mémoires dans les mémoires des populations ? Jalon 1 un débat historiographique et ses implications politiques les causes de la 1ere Guerre mondiale Pourquoi la question des causes de la Grande Guerre constitue-telle un enjeu historique et politique ? Vidéo de 2 min. 15 s. à 9 min. 15 s. . 1. Dites quelle place occupe le débat sur les origines de la guerre selon l'historien Stanislas Jeannesson dans l'historiographie et précisez quels enjeux cette question soulève. L’historiographie est la discipline qui étudie les historiens dans leur contexte politique et culturelle, leur conception de l’histoire, leur méthode et les usages de leur récit. Cette place est fondamentale car ce débat pose la question de la responsabilité et de la culpabilité. 2. Dites quelles sont les différentes réponses qu'il est possible d'apporter aux origines de la guerre. 1 la responsabilité des empires centraux, de l’Allemagne surtout art. 231 de Versailles ; le choc des impérialismes thèse marxiste ; la montée des nationalismes, les tensions et le système des alliances 3. Dites quelle réserve l'historien Stanislas Jeannesson émet sur toutes ces explications. Il présente la guerre comme inévitable, les historiens cherchent plus à démontrer la responsabilité de … qu’à comprendre. Il insiste sur la nécessité d'appréhender tous les mécanismes qui ont conduit au déclenchement de la guerre. Dossier pages 162-163 Vidéo Gerd Krumeich, le feu aux poudres… Complétez la chronologie à partir des vidéos et des documents du livre Chronologie des débats historiques sur les causes du premier conflit mondial L’exemple de la 1ere guerre mondiale montre comment le récit des historiens s’inscrit dans son contexte historique et culturel. Après la 1ere GM, à la suite du Traité de Versailles, la recherche des causes coïncide avec celle de la responsabilité-culpabilité de l’Allemagne. Dans les années 30, pour ménager les nazis et défendre la paix, les discours sont moins vindicatifs et les responsabilités partagées. Ce point de vue coïncide avec celui des auteurs marxistes. Après la 2e guerre mondiale, la thèse des causes multiples et des responsabilités partagées s’impose dans un contexte de construction européenne. Voilà pourquoi l’ouvrage de Fischer a constitué un choc, l’auteur jugeant sévèrement l’Allemagne, de Bismarck à Hitler, pour les conflits du début du XXe s. Les débats sont relancés au début du XXIe s. pour le centenaire de la 1ere guerre mondiale avec des approches différentes. Pour en savoir plus Il en est de même en France pour l’écriture de l’histoire de la 2e Guerre mondiale et du génocide juif cf travail conclusif Jalon 2 Mémoires et histoire d’un conflit, la guerre d’Algérie Extraits du documentaire de B. Tavernier, la guerre sans nom, 1992. 01h22 30” 01h 32’ 35” Comment les mémoires de la guerre d’Algérie émergent-elles progressivement dans le débat public en France ? Quelles sont les modalités et le politique mémorielle menée en France ? - Les acteurs des évènements d’Algérie » Les acteurs de la guerre et leur positionnement Après 1962, il y a une réelle volonté d’oubli de la part de l’Etat français et des Français. Dans les années 1990-2000, ces mémoires blessées émergent sous l’impulsion des acteurs et de leurs descendants, d’historiens n’ayant peu ou pas connu les évènements et d’hommes politiques, simples appelés ou nés après la guerre J. Chirac, E. Macron. Dossier pages 165-165 1 Ces groupes sont nombreux, souvent opposés, et concernent plusieurs générations - les Harkis, supplétifs algériens de l’armée française, et enfants de Harkis ; Pieds noirs et enfants de pieds noirs rejetés d’Algérie et souvent mal accueillis en France ; dont les juifs d’Algérie naturalisés en 1870 et quelques musulmans naturalisés qui ont fait le choix de partir en France. - les immigrés algériens en France et enfants d’immigrés. Des exactions ont été commises contre ces immigrés pour leur supposée connivence avec le FLN massacre du 17 octobre 1961 - soldats professionnels et soldats du contingent plus ou moins impliqués ou témoins actes de crimes de guerre -En France partisans de l’Algérie française politiques, membres de l’OAS face aux partisans de l’indépendance politiques, sympathisants du FLN ou porteurs de valise », certains ayant été persécutés par l’Etat français. 2 Il s'agit de "mémoires blessées" parce qu’elles sont marquées par la violence, la guerre et le rejet. Parce qu’elles sont marquées par l’oubli et le déni qui ont fait que cette mémoire a été occultée sur une durée plus ou moins longue. Tous ces éléments font donc que ces mémoires sont blessées. De plus, parce que les acteurs et leurs descendants pèsent sur l’écriture historique et font qu’elle est difficile. Parce qu’ils pèsent aussi sur la construction d’une mémoire officielle d’Etat. Parce qu’ils pèsent sur le débat politique, notamment à droite. 3 Les premiers travaux remontent au temps de la guerre et soulignent rapidement les exactions commises par l’armée française. Ces travaux sont le fait d’historiens qui ont connu et souvent dénoncé le conflit. Puis, les historiens qui ont connu le conflit pendant leur enfance, comme Benjamin Stora ou ne l’ont pas connu, comme Guy Pervillé, sont sollicités pour les commémorations et tenter de réconcilier les mémoires. Ainsi Benjamin Stora, en 2021, produit un rapport pour le président de la république dans lequel il formule des préconisations pour cette réconciliation. 4 Par les reportages, les documentaires, les films, les rencontres entre les témoins et/ ou descendants des témoins… Le cinéma de la guerre d’Algérie - les films et documentaires sont anciens, contemporains de la guerre elle-même et parfois interdits. - Une production cinématographique importante avec des films et documentaires marquants le petit soldat 1960, la bataille d’Alger 1966, Avoir 20 ans dans les Aurès 1971, l’ennemi intime 2007 et le documentaire de Bertrand tavernier, la Guerre sans nom 1992… Dossier pages 166-167 1 Le 18 octobre 1999, l’Etat français reconnait officiellement que les évènements d’Algérie » sont une guerre ». C’est la reconnaissance pour les soldats de métier, les appelés, les blessés et les familles des morts que leur engagement est comparable à celui des combattants des autres guerres. Ce texte vaut également pour les supplétifs », c’est-à-dire les harkis. 2 Le devoir de mémoire se fait par Le fixation d’une date commémoration qui fasse consensus en 2012 le 19 mars, journée nationale du souvenir et de recueillement ». Cette date, celle du cessez le feu en Algérie, a été contestée car pour beaucoup harkis, pieds-noirs elle ne symbolise pas la fin des exactions et des traumatismes. Des gestes politiques et symboliques forts reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans la pratique de la torture et de la mort de Français opposés au conflit Maurice Audin par Emmanuel Macron en 2018 ; plaques commémoratives, comme celle du Pont saint Michel en 2001 pour rappeler la mort de manifestants algériens à Paris le 17/10/1961. La construction d’un lieu de mémoire, un mémorial national, pour les combattants de la guerre d’Algérie et des combats au Maroc et en Tunisie, à paris en 2002. Bilan Il n’y a pas de mémoire consensuelle sur la guerre d’Algérie Parce que les mémoires des acteurs et de leurs descendants s’opposent toujours, il y a un conflit mémoriel entre ces groupes en quête de reconnaissance politique et sociale ; Parce que les actions de l’Etat en faveur de ces groupes sont l’objet de vives tensions politiques ; Parce que ce travail de mémoire et de vérité n’a pas été fait en Algérie et que les tensions entre les deux pays demeurent vives cf Article du Monde. Axe 2 histoire, mémoire et justice Comment la justice se saisit-elle des génocides et crimes de masse ? Jalon 1 les tribunaux gacaca face au génocide des Tutsis. 1994-2012 Le contexte - Une guerre civile entre deux parties de la population du Rwanda les Tutsis et les Hutus. A partir de l’Ouganda les Tutsis, dirigés par Paul Kagame, tentent la conquête du pouvoir, la majorité hutue est radicalisée par des extrémistes. - La destruction de l’avion du président rwandais, le 6/04/1994, est l’évènement déclencheur attribuée à l’insurrection tutsie d’une extermination massive de la population tutsie et des Hutus modérés. Le génocide a lieu entre avril et juillet 1994 et fait 800 000 victimes. - L’ONU envoie des soldats, essentiellement Français, dans le S-O du pays. L’action des Français est critiquée car leur zone est à la fois un refuge pour les Tutsis et un point de passage pour les Hutus coupables de génocide qui s’enfuient vers la RDC devant l’avancée le Front Patriotique Rwandais de Paul Kagame. Des massacres y ont lieu, les armes y circulent. 2021 le président Macron reconnait l’aveuglement et la responsabilité de la France dans certaines situations. - Un TPI pour le Rwanda est mis en œuvre en Tanzanie en novembre 1994 mais son action est critiquée procédures longues et coûteuses, les principaux responsables n’y sont pas condamnés, les crimes du FPR ne sont pas concernés, les témoins ne sont pas suffisamment considérés … Des accusés sont aussi condamnés dans les pays où ils se sont réfugiés, quand les juridictions nationales sont aptes à entamer des procédures France, Belgique. Au Rwanda, le système judiciaire est incapable de juger des milliers de prévenus. A partir de 2005, des tribunaux participatifs appelés gacaca, inspirés des assemblées traditionnelles, sont mis en place dans tout le pays. Comment les gacaca prennent-elles en charge l’œuvre de justice et de réparation après le génocide ? 1 Les procès sont organisés localement pour juger les habitants coupables. Le génocide n’a pu être organisé qu’avec la participation massive de la population hutue. Ils reprennent la forme des anciennes assemblées locales, sont dirigés par un juge, des chefs locaux et font participer la population. Ce sont des tribunaux populaires qui ont exercé jusqu'en 2012. 2 La procédure privilégiée est celle de la condamnation des coupables mais aussi de la réconciliation par la connaissance précise de tous les évènements. La reconstruction précise du génocide doit souligner les parts de responsabilité du gouvernement hutu, des extrémistes et de la population radicalisée et armée. C’est la solution choisie par le président kagame, meilleure selon lui que l’amnistie générale ou l’épuration revancharde. 3 Les tribunaux ont une grande efficacité, 86% des personnes déférées ont été condamnées. Les critiques portées contre les gacaca concernent les procédures fausses accusations, qualité de la défense pour les accusés, qualité des témoins, pression du gouvernement lorsque les actions du FPR sont évoquées. Bilan il s’agit dans le cas du Rwanda d’une justice réparatrice », d’une réconciliation passant par la connaissance des faits et le jugement des coupables. Cette démarche fut aussi celle de l’Afrique du Sud à la fin de l’Apartheid au milieu des années 1990 avec la commission de la vérité et de la réconciliation. Cette voie s’oppose à celle de la France en 1945 qui a connu les purges, quelques procès exemplaires Pétain et Laval et finalement les lois d’amnistie. Jalon 2 – Le Tribunal Pénal International de l’ex-Yougoslavie 1993-2017 Devant l’impuissance de la communauté internationale à mettre fin aux conflits et aux violences de masse qui les accompagnent, l’ONU crée, en plein conflit, un tribunal afin de faire savoir aux protagonistes qu’ils vont y comparaître le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie TPIY. Comment le TPIY a-t-il transformé le paysage du droit international humanitaire ? Jusqu’à 26’40 Vidéos HG/ 2000 et aujourd’hui Dossier pages 180-181 1 Le Tribunal est créé en pleine guerre dans l’ex-Yougoslavie 1992-2000, notamment pendant les affrontements entre communautés en Bosnie Herzégovine 1992-1995. La République de Bosnie qui se déclare indépendante est peuplée de Bosniaques, de Serbes et de Croates. Les Serbes de Bosnie, soutenue par la Serbie, font sécession et déclenche la guerre en 1992. Les missions du tribunal sont de montrer aux militaires et politiques de l’ex-Yougoslavie que leurs actes peuvent les conduire devant la justice internationale. Le président Milosevic qui signe les Accords de Dayton en 1995 est mis en accusation dès 1999… 2 Crimes de guerre et crime contre l’humanité, notamment pour nettoyage/épuration ethnique. Les Belligérants, serbes surtout, souhaitant créer des zones ethniquement homogènes, ont déplacé des populations, créé des camps de concentration et commis des massacres. 3 Le bilan semble positif, les principaux acteurs, Slobodan Milosevic, Radovan Karadzic président des Serbes de Bosnie et Ratko Mladic sont mis en accusation et condamnés, pour les deux derniers, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le TPIY a montré que les militaires et politiques ne sont pas à l’abri de poursuites et de condamnations par des tribunaux. 4 Le dessinateur met en cause l’ONU, notamment l’action des forces armées, les casques bleus. Ces derniers ne pouvant intervenir, parce que leur action était humanitaire soigner et ravitailler les populations civiles, ont laissé se perpétrer les actions en cours massacre de Srebrenica, siège de Sarajevo. Bilan une justice internationale qui a surtout condamné les Serbes et qui a ignoré les exactions commises par les autres camps Kosovars, Croates …, qui n’a pas évoqué la position des forces dans l’ONU pendant la guerre. La paix de 1995 n’a pas empêché la poursuite de l’homogénéisation ethnique des territoires par déplacements souvent définitifs de populations. Une action longue de la justice qui n’a pas permis la réconciliation et la construction d’une mémoire des évènements qui pourraient empêcher de nouvelles violences. Surtout, les TPI fonctionnent que si la communauté internationale s’accorde pour juger les criminels. Depuis, elle a montré son désaccord lorsque plus récemment elle a souhaité juger les crimes commis par les régimes syrien et birman. Le statut de Rome est le traité international qui a conduit à la création de CPI en 1998; La CPI est entrée en vigueur en 2002 Le crime contre l’humanité, premièrement définit en 1945 par la charte de Londres désigne un crime grave comme le viol le meurtre ou la torture. Ce crime se distingue des autres car il est systématiquement massif et dirigé contre une population civile de plus il est imprescriptible à l’inverse des autres crimes. Le génocide fait parti des crimes de guerre. Il est dirigé vers une population en particulier pour sa nationalité son ethnie ou encore son appartenance culturelle. Il consiste à mettre en péril la vie des individus, de tuer ou encore de déporter. Il est proche du crime de guerre global car il est systématique, imprescriptible et massif or le fait qu’il s’attaque à une population en particulier pour ce qu’elle est fait qu’il s’en démarque. Le travail des historiens est de retracer une certaine vérité sur ces évènements en se basant sur des archives, sur des sources et il se rapproche du travail scientifique. Il vient reconstruire et analyser le passé avec un regard critique afin d’expliquer ce passé. Les mémoires sont plurielles pour un même conflit, en effet selon le rôle joué pendant le conflit, le genre, l’ethnie, l’âge et l’impact les récits serons différents. Ces deux concepts vont de pair on peut dire que l’histoire alimente et étudie les mémoires tandis que les mémoires nourrissent l’histoire. Ici on va se demander si juger les crimes contre l’humanité et les génocides permettent une meilleure écriture de l’histoire et un apaisement des mémoires. Dans un premier temps il sera question du rôle de la justice dans ces crimes contre l’humanité puis de l’écriture de l’histoire et enfin on abordera l’impact des jugements et de l’histoire sur les mémoires. La justice occupe un rôle important pour les historiens. Tout d’ abord leurs travaux sont essentiels pour trouver la vérité et donc le contexte des conflits. Ils permettent de savoir l’origine du conflits les agresseurs et les persécutions connues. Pour les mémoires notamment celles des victimes le travail de justice permet un reconnaissance de ces dernières et donc leur permet de se reconstruire avec ce passé douloureux. D’avril à juillet 1994 le génocide des Tutsi à tué près d’un million de personnes. Pour juger ce génocide des tribunaux à échelle locale ont était mis en place sur tout le territoire rwandais, il s’appellent gacaca. Le génocide Tutsi connais des particularités et sa mise en œuvre est orchestré. Dans la soirée avril 1994, l'avion transportant des tirs de missiles à son approche de l'aéroport de Kigali. La mort de modèle de la nation crée un vide institutionnel rapidement comblé par appellent la population à venger son président en exterminant les Tutsi. avril, les hostilités entre les Forces armées rwandaises et le Front patriotique rwandais , en suspens depuis la signature des accords de paix d’Arusha en août 1993, reprennent. Au mépris des objectifs stratégiques, les Forces armées rwandaises se concentrent sur l’extermination des civils commence le même jour. Les communes les plus touchées sont celles qui comprenaient les plus fortes concentrations de population tutsi. Les lieux de cultes et les campagnes ne sont pas épargnés. C’est un quart de la population qui meurt. L’avancée des troupes du front patriotique rwandais met fin aux tueries. L ' 6 avril marque la campagne nationale des massacres, il n'en le déclencheur , ces derniers ayant été préparés dans une idéologie de haine et des dispositifs meurtriers. Loin d'être une explosion soudaine et imprévisible, le génocide des Tutsi a été le fruit d' construction ethno-raciale, héritée de lacolonisation. Celle-ci aboutit à une idéologie de haine et d'exclusion, instrumentalisée par un projet politique extrémiste. Pour juger ces crimes les Gacaca se sont officiellement formé en 2002. Le premierjugement prends place en 2005 et les jugements se passent de manière particulière. En effet Les gacaca sont constituées de personnes élues pour leur bonne réputation. Elles sont qualifiées d'intègres. Elles ont suivi une formation juridique de base. Les accusés n'ont pas d'avocat, mais tous les villageois peuvent participer et intervenir, soit à charge, soit à décharge. Ici on fait face à un tribunal de type traditionnel et avec une justice de proximité qui touche tout les citoyens et qui demande une mobilisation massive. Les accusés ne sont pas les principaux responsables mais de simples voisins et des exécutants, ainsi ici aussi on juge les populations sans s’attaquer aux grandes figures. Les gacaca sont compétents pour juger les personnes suspectées de crimes et délits. Ces tribunaux permettent de juger 2 millions de génocidaires, ils ont pour but de venger l’impunité totale des ces derniers et veulent Géopolitique et sciences politiques TerminaleFiltrer par mot clé dans le titreDéjà plus de1 million d'inscrits !Chapitre 1 De nouveaux espaces de conquêteChapitre 2 Faire la guerre, faire la paix formes de conflits et modes de résolutionChapitre 3 Histoire et mémoiresChapitre 4 Les enjeux géopolitiques liés à la conservation et à la valorisation du patrimoineChapitre 5 L’environnement, un enjeu planétaireChapitre 6 L’enjeu de la connaissance Par Jean-Charles Jauffret. [1] Mémoires et Histoire point d’historiographie sur la Guerre d’Algérie La Rédaction d’Historiens & Géographes remercie vivement son collègue Jean-Charles Jauffret, Professeur d’Histoire contemporaine à l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence, pour lui avoir transmis cette mise au point historiographique inédite qui intéressera particulièrement les professeures en charge d’enseigner le thème portant sur l’historien et les mémoires de la guerre d’Algérie. Nous signalons enfin à nos lecteurs que la direction académique des Hauts-de-Seine en partenariat avec l’ONACVG et l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie APHG organise à Nanterre une journée d’étude sur les mémoires du conflit algérien le 23 février prochain. Plusieurs tables rondes seront proposées et animées par des historiens, des enseignants chercheurs, l’inspection pédagogique régionale, les archives départementales des Hauts-de-Seine, la BDIC, l’INA, l’ONACVG et l’APHG. [2] Enjeu renouvelé des présidentielles en 2017 pour séduire un fond de nostalgériques » estimé à environ deux millions d’électeurs 1re,2e et 3e générations de pieds-noirs et descendants, y compris de harkis, la guerre d’Algérie refait surface. En remontent les relents nauséabonds de mémoires blessées qui s’ostracisent l’une l’autre. D’où la faible audience des historiens et la reconduction, comme pendant le conflit, note Benjamin Stora [3], d’extrêmes identitaires ressassés de génération en génération. C’est-à-dire entre les nostalgiques de l’Algérie française qui considèrent que l’islam est inassimilable en métropole, et les partisans de l’indépendance algérienne qui arborent drapeaux algériens et islam communautariste en éléments de défi. S’ajoutent l’ignorance volontaire des politiques [4] et de l’opinion qui n’a toujours pas admis l’héritage de la décolonisation dans le roman national ». Comme le note Mona Ozouf La France est un étrange pays où la mémoire divise ». Pourtant, ce conflit, depuis peu, bénéficie d’une ouverture dans l’enseignement secondaire. Mais cette étude souffre de la crainte d’ouvrir la boîte de Pandore au lieu d’étudier d’abord la guerre d’Algérie en s’appuyant sur des ouvrages généraux qui font autorité [5], on botte en touche en s’intéressant uniquement à la mémoire, plus quelques allusions aux travaux des historiens et aux témoignages écrits [6] ou filmés [7]. En France est venu depuis longtemps le temps des historiens, comme je le soulignais en compagnie de mon collègue et ami Gilbert Meynier dans la revue Esprit en 2004 [8]. Malgré la fébrilité suscitée par les rendez-vous électoraux ou le scandale médiatique suscité en 2001-2002 par la publication des aveux du général Paul Aussaresses, Services spéciaux, Algérie 1955-1957 mon témoignage sur la torture, le temps historique poursuit son cours. Il exhume peu à peu non une, mais des guerres d’Algérie tant les destins des acteurs furent différents. A l’inverse d’une idée reçue, cette question a toujours intéressé les historiens, tandis que toute notion d’histoire officielle n’a jamais eu droit de cité pour les historiens dignes de ce nom. Et ce, en dépit des velléités revanchardes des auteurs du Livre blanc de l’armée française en Algérie [9]. Or ce conflit est un des mieux étudiés si l’on tient compte du nombre de publications, soit plus du double que pour la guerre d’Indochine par exemple, pour ne rien dire des 666 thèses et mémoires en langue française recensés par Maurice Sarrazin en 2012 [10]. Depuis les travaux de Charles-André Julien, Xavier Yacono, ou Charles-Robert Ageron, il y a longtemps que les historiens auscultent cette boîte à chagrin », selon une formule du général de Gaulle, que constitue la guerre d’Algérie, fracture la plus importante de la conscience nationale française contemporaine après l’Affaire Dreyfus et juin 1940. Depuis le colloque novateur de décembre 1988, sous la direction de Jean-Pierre Rioux [11], la soutenance en Sorbonne, en juin 1989, de la thèse de l’Algérien Boucif Mekhaled sur Les Evénements de Sétif, Kherrata et Guelma l’insurrection du Nord-Constantinois, et la publication, en mars 1990, du tome I de la série, sous la direction de Jean-Charles Jauffret, de La Guerre d’Algérie par les documents proposé par le Service historique de l’armée de terre, puis d’un tome 2 en 1998, du côté français il est possible, sans oublier les thèses importantes des années 1980 comme celles de Guy Pervillé sur les étudiants algériens [12] ou de Benjamin Stora sur Messali Hadj [13], de parler d’un solide acquis scientifique. Il transcende les relations, en dents de scie, franco-algériennes, tout en continuant de nourrir le débat public qui rebondit à chaque anniversaire décennal de 1962 qui se souvient, à présent de la longue série de La Guerre d’Algérie. Historia Magazine, publiée de 1971 à 1974, ou des six numéros de Guerre d’Algérie Magazine en 2002 ?. La multiplication des colloques internationaux, publiés par de grandes maisons d’édition, où tous les sujets sont étudiés, y compris les questions gênantes telles les massacres de harkis, la torture, l’emploi du napalm, le putsch des généraux ou les luttes intestines à l’intérieur du mouvement national algérien, confirment cette tendance. Elle va jusqu’à s’intéresser récemment à l’histoire du genre [14], depuis les travaux pionniers dans ce domaine de Raphaëlle Branche, dont la question du viol [15]. A ce propos, les deux premiers colloques d’histoire militaire comparée ont été réalisés en complémentarité franco-algérienne en 2000 et 2002. Le premier, en mai 2000, à Montpellier, dans un lieu hautement symbolique - une enceinte militaire - a été publié en 2001, sous la direction de Maurice Vaïsse et de Jean-Charles Jauffret [16]. Il concernait les aspects généraux et techniques du conflit. Le second, qui s’est tenu dans la maison mère du CNRS à Paris en octobre 2002, réunissait un nombre de participants encore plus important, vu le thème choisi des destins croisés, Des Hommes et des Femmes en Guerre d’Algérie publié en octobre 2003, sous la direction de Jean-Charles Jauffret [17], sans qu’aucun des groupes concernés ne soit oubliée juifs, harkis, sympathisants du FLN en France, paras, femmes de l’ALN… Parmi les colloques majeurs, éléments essentiels du dialogue entre historiens mais aussi ouverture pour le public éclairé, il convient de citer aussi un colloque-confluence, celui qui s’est tenu en Sorbonne en décembre 2000 en l’honneur de Charles-Robert Ageron, La Guerre d’Algérie au miroir des décolonisations françaises [18]. Il faut souligner qu’il n’y a plus de sujets tabous ». En effet, marquant un saut qualitatif important, les soutenances, en France, de thèses, publiées, telles celles d’histoire politico-économique de Daniel Lefeuvre, la thèse sur la torture de Raphaëlle Branche, celle de Claire Mauss-Copeaux sur la mémoire douloureuse des appelés, celle de Frédéric Médard sur la technique et logistique, de Jean Monneret sur la fin de la guerre, ou de Sylvie Thénault sur la justice française dans la guerre [19], rappellent que le territoire de l’historien », à l’abri de la surmédiatisation, ne cesse de s’agrandir. Outre les multiples études sur le massacre des Algériens à Paris lors de la manifestation du 21 octobre 1961, les travaux d’Olivier Dard sur l’OAS [20], ceux de Jean-Jacques Jordi sur les harkis, les disparus Français d’Algérie dont le massacre d’Oran du 5 juillet 1962 [21], des thèses majeures, dont on espère la publication et qui ont déjà donné lieu à des publications partielles, montrent tout l’intérêt de la jeune génération d’historiens pour la guerre d’Algérie. Voir le travail fondamental de Tramor Quémeneur, soutenu en 2007 [22], qui détruit un certain nombre d’idées reçues en ce qui concerne les désertions 886, plus 3 200 légionnaires et 6 000 spahis et tirailleurs algériens et les insoumissions 12 000 réfractaires en tout, soit 1% des appelés. La déportation des populations expulsées des zones interdites » soit plus de deux millions d’Algériens et les 2 000 camps de regroupements ont été étudiés par Fabien Sacriste, thèse soutenue en 2014 [23]. Ce territoire de l’historien » est graduellement fortifié par des publications continues de témoignages, pour ne rien dire de synthèses dont celles de Jean-Charles Jauffret sur les soldats français dans la guerre, de Gilbert Meynier sur l’histoire du FLN, et plus globalement sur la guerre, de Guy Pervillé, de Jacques Frémeaux, de l’ouvrage collectif sur la guerre d’Algérie dirigé par Mohammed Harbi et Benjamin Stora, et de la publication de livres-documents, comme le recueil annoté dû à Mohammed Harbi et Gilbert Meynier [24], qui montrent les voies du passage de la mémoire à l’histoire de la guerre d’Algérie. C’est l’illustration de cette maxime de Lucien Febvre L’historien ne trouve pas, il cherche » à propos d’un confit officiellement reconnu en France par la loi du 10 juin 1999. Il reste à souhaiter que l’historien pourra continuer à faire son travail en demeurant serein malgré les menaces d’un populisme revanchard et islamophobe en continuant de profiter, en France, ce qui n’est pas encore le cas en Algérie, de l’ouverture des archives, militaires notamment, depuis 1992. Les historiens français, le plus souvent avec des chercheurs et des collègues algériens non englués dans l’histoire officielle figée dans l’hypercommémoration » formule de Guy Pervillé du 1er novembre 1954, mènent aussi une série de travaux en regards croisés. Parmi eux on peut citer la thèse pionnière de Dalila Aït-el-Djoudi [25], l’important colloque de l’ENS de Lyon en 2006 [26], ou les deux tomes, publiés en 2016, par Renaud de Rochebrune et Benjamin Stora, chez Denoël, La Guerre d’Algérie vue par les Algériens. En bref, le temps historique n’est ni le temps médiatique, ni le temps politique et il serait utile de méditer cette maxime de Pierre Nora pour tous les élèves et étudiants La mémoire divise, l’histoire rassemble ». © Jean-Charles Jauffret, Aix-en-Provence, 18 janvier 2017. Tous droits réservés. Illustration en une » Couverture de la revue Historiens & Géographes n° 388, octobre 2004, Dossier La guerre d’Algérie, 1954-1962 », sous la direction de Jean-Charles Jauffret et Guy Pervillé. Alger, toits de la casbah et vue du port, avril 1975 ; © AFP. Photo Jean-Pierre PREVEL / STF. © Les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes, 18/01/2017. Tous droits réservés. Notes[1] Professeur d’Histoire contemporaine à l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence.[2] Voir en ligne sur le site de l’APHG, ici[3] B. Stora et Alexis Jenni, Les Mémoires dangereuses, Albin Michel, 2016, avant-propos de Benjamin Stora, p. III. Il s’interroge par ailleurs Qui écoute aujourd’hui les historiens ? ».[4] On pourrait citer, à titre d’exemple, l’aventure de l’exposition des Invalides, Musée de l’armée, du 16 mai au 29 juillet 2012 consacrée à l’Algérie. Cette dernière est révélatrice de l’embarras des politiques qui ne savent pas comment aborder une guerre perdue. Cette exposition a été reportée pour son inauguration du 27 mars au 14 mai 2012, entre les deux tours des élections présidentielles. De sorte qu’elle n’a été possible que par l’absence volontaire de toute personnalité politique d’envergure, malgré un succès record. Elle n’a pas été reconduite et les collections ont été dispersées. Le catalogue en avait pourtant été publié en amont, le 15 avril 2012 sous le titre anodin d’un accompagnement d’une bande dessinée, Algérie, 1830-1962, avec Jacques Ferrandez, Bruxelles, Casterman, 256 p. Elle faisait suite, 30 ans plus tard, à une autre exposition, aux Invalides mais dans une salle modeste, 2 au 26 juin 1992, cf. le catalogue publié par GERVEREAU L., RIOUX et STORA B. sous la direction de, La France en guerre d’Algérie, BDIC, 1992.[5] BOUCHENE Abderrahmane, PEYROULOU Jean-Pierre, TENGOUR Ouanassa Siari et THENAULT Sylvie, Histoire de l’Algérie à la période coloniale, 1830-1962, La Découverte, 2012 ; DELMAS Jean, La Guerre d’Algérie, Caen, Le Mémorial de Caen, 2005 ; ELSENHANS Harmut, La Guerre d’Algérie. La transition d’une France à une autre, le passage de la IVe à la Ve République, Arles, Publisud, 2000 ; FRÉMEAUX Jacques, La France et l’Algérie en guerre, 1830-1870, 1954-1962, Economica, 2002 ; PERVILLÉ Guy, Pour une histoire de la guerre d’Algérie, Picard, 2002 ; Atlas de la guerre d’Algérie, de la conquête à l’indépendance, Autrement, 2003 ; STORA Benjamin, Histoire de la guerre d’Algérie, La Découverte, 1992, rééd. 2004 ; La Guerre d’Algérie, Puf, 2007.[6] Parmi les témoignages majeurs celui d’un camusien à l’écriture sans concession, Claude Georges Picard, Un piton séparé du reste du monde. Ma guerre en Kabylie, journal d’un appelé 1961-1962, préface de Jean-Charles Jauffret, les Éditions du Net, 2013.[7] Voir la somme, issue de sa thèse, de DENIS Sébastien, Le Cinéma et la guerre d’Algérie, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2009.[8] Esprit, n° 307, août-septembre 2004 La guerre d’Algérie histoire officielle, histoire idéologique, histoire des historiens », p. 224-230.[9] Publié en 2001 aux éditions Contretemps.[10] SARRAZIN, Maurice, 666 thèses et mémoires en langue française sur la guerre d’Algérie, 1954-1962, L’Harmattan, 2012.[11] RIOUX Jean-Pierre sous la direction de, La Guerre d’Algérie et les Français, actes du colloque de l’IHTP, Paris, 15 au 17 décembre 1988, Paris, Fayard, 1990.[12] Les Etudiants algériens de l’université française 1880-1962, Éditions du CNRS, 1984.[13] Messali Hadj 1898-1974, Le Sycomore, 1982 réédit. L’Harmattan, 1986 et Hachette Coll. Pluriel histoire, 2004.[14] Voir, notamment, BRUN Catherine et SHEPARD Todd, Guerre d’Algérie. Le sexe outragé, CNRS Editions, septembre 2016, ouvrage composé d’articles internationaux et d’une partie des communications du colloque de la BNF et de l’Institut du monde arabe, les 9 et 10 septembre 2014. Cet ouvrage rappelle que le viol est bien un instrument de guerre.[15] BRANCHE Raphaëlle et VIRGILI Fabrice, Viols en temps de guerre, Payot, 2011.[16] Militaires et guérilla dans la guerre d’Algérie, Complexe, Bruxelles, 2001.[17] Autrement, octobre 2003.[19] LEFEUVRE Daniel, Chère Algérie. Comptes et mécomptes de la tutelle coloniale 1930-1962, Société française d’histoire d’Outre-Mer, 1997 ; BRANCHE Raphaëlle, La Torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie 1954-1962, Gallimard, 2001 ; MAUSS-COPEAUX Claire, Appelés d’Algérie. La mémoire confisquée, Hachette, 1995 ; MÉDARD Frédéric, Technique et logistique en guerre d’Algérie, Lavauzelle, 2002 ; MONNERET Jean, La Phase finale de la guerre d’Algérie, L’Harmattan, 2000 ; THÉNAULT Sylvie, Une drôle de justice. Les magistrats dans la guerre d’Algérie, La Découverte, 2001.[20] Voyage au cœur de l’OAS, Perrin, 2005.[21] Les Disparus civils européens de la guerre d’Algérie un silence d’Etat, SOTECA, 2011.[22] Une guerre sans Non » ? Insoumissions, refus d’obéissance et désertions des soldats français pendant la guerre d’Algérie 1954-1962, sous la direction de Benjamin Stora, université de Paris-VIII, 15 octobre 2007. Cinq tomes.[23] Les camps de regroupement ». Une histoire de l’État colonial et de la société rurale pendant la guerre d’indépendance algérienne 1954-1962, sous la direction de Guy Pervillé et Jacques Cantier, Université de Toulouse-Jean-Jaurès, 14 novembre 2014. Trois tomes.[24] JAUFFRET Jean-Charles, Soldats en Algérie 1954-1962. Expériences contrastées des hommes du contingent, Autrement, Paris, 2000 ; Guerre d’Algérie, 1954-1962. Les combattants français et leur mémoire, Odile Jacob, 2016 ; MEYNIER Gilbert, Histoire intérieure du FLN, Fayard, 2002 ; PERVILLÉ Guy, Pour une histoire de la guerre d’Algérie, Picard, Paris, 2002 ; FRÉMEAUX Jacques, La France et l’Algérie en guerre 1830-1962, Economica, Paris, 2002 ; HARBI Mohammed, STORA Benjamin, La Guerre d’Algérie 1954-1962. La fin de l’amnésie, Robert Laffont, Paris 2004 ; HARBI Mohammed, MEYNIER Gilbert, Le FLN. Documents et histoire 1954-1962, Fayard, Paris, 2004.[25] AÏT-EL-DJOUDI Dalila, La Guerre d’Algérie vue par l’ALN, 1954-1962. L’armée française sous le regard des combattants algériens, préface de Jean-Charles Jauffret, Autrement, 2007.[26] 20-21-22 juin 2006, Lyon, Ecole normale supérieure, colloque international, Pour une histoire critique et citoyenne franco-algérienne, organisé sous la direction de Gilbert Meynier qui a fait appel à de nombreux organismes de recherches et d’enseignement CNRS, ENS, IEP de Lyon et d’Aix-en-Provence… et qui a bénéficié de l’appui des conseils régional et général. Communications 1 600 p publiées en ligne, le 13 novembre 2007 par Gilbert Meynier, Frédéric Abécassis et Afifa Zenati sur le site

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